Par Richard Martin
Je suis en train de développer un nouveau concept que j’appelle le “syndrome d’empiètement”. J’appelle cela un syndrome par analogie avec un syndrome médical, où les signes et les symptômes apparaissent ensemble chez les individus, sans nécessairement impliquer l’existence d’une étiologie commune. Je n’ai pas l’intention de laisser entendre qu’il s’agit d’une quelconque forme de perturbation ou de maladie, qu’elle soit physique ou mentale. Je l’utilise simplement comme une métaphore.
Le syndrome d’empiètement décrit des réseaux de croyances qui se chevauchent, selon lesquels les élites nationales et/ou mondiales (ou d’autres acteurs malfaisants, généralement cachés) tentent (et dans certains cas, réussissent) d’empiéter sur les droits et libertés individuels, en particulier le droit de gagner sa vie et de contrôler son propre corps. Nombre de ces croyances semblent former des réseaux de concepts, phrases, mèmes, récits, histoires et explications qui se soutiennent mutuellement. Elles ont tendance à se chevaucher ou à apparaître en combinaison chez les individus, qui ont ensuite tendance à partager ces croyances, principalement par le biais d’interactions en ligne et de médias sociaux, ce qui les renforce et crée une communauté de croyance.
Voici mon point de vue initial.
1. La résistance aux mandats de vaccination de Covid. Remarquez que je n’ai pas dit “anti-vaxxers”, qui désigne les personnes qui sont contre les vaccins en général. De nombreuses personnes ont été incommodées, offensées, sceptiques et/ou effrayées par le vaccin Covid et les mandats de vaccination. Beaucoup n’étaient pas et continuent de ne pas être contre les vaccins s’ils ne sont pas obligatoires et ne menacent pas leur gagne-pain. Certains résistants aux vaccins Covid ont même pris les vaccins et les rappels eux-mêmes, ainsi que des vaccins pour d’autres maladies. Ils considéraient simplement cela comme un empiètement majeur sur la liberté personnelle et contraire au serment d’Hippocrate. Je ne dis pas qu’ils ont raison ou tort, mais cela semble être la conviction qui les motive.
2. Contre le soutien et l’assistance matérielle/financière/militaire de l’Ukraine. Les personnes qui promeuvent ce réseau de croyances adhèrent pour la plupart aux points de discussion russes sur la façon dont l’invasion russe de l’Ukraine est supposée être la faute de l’OTAN. Je ne m’étendrai pas davantage, mais vous pouvez en lire plus dans ces articles : Les “tankies”, ces apologistes de l’impérialisme russe et Non, l’OTAN n’est pas responsable de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Cette attitude semble découler de la crainte que la guerre en Ukraine ne se transforme en une guerre mondiale en raison du soutien apporté à l’Ukraine par les États-Unis et l’OTAN. Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une peur irrationnelle, mais elle semble provenir de la désinformation, du partage non informé de bribes de médias sociaux et d’une mauvaise connaissance de l’histoire et de la stratégie. Il convient d’y répondre en fournissant des connaissances de base valables, étayées par des arguments solides qui traitent également des probabilités.
3. Avoir soutenu et/ou participé au convoi des camionneurs l’hiver dernier pour protester contre les obligations de vaccination imposées par le gouvernement et les restrictions aux voyages transfrontaliers, notamment en ce qui concerne les camionneurs canadiens dont le travail consiste à faire la navette avec les États-Unis. Le problème fondamental n’était pas que les gens étaient contre la vaccination Covid en soi, mais plutôt les impacts négatifs sur les camionneurs qui choisissaient de ne pas se faire vacciner. À cela s’ajoutait un mécontentement général à l’égard des arrêts de production en cas de pandémie et des perturbations économiques et de l’appauvrissement qu’ils entraînaient pour de nombreux Canadiens. Tout cela a été renforcé et amplifié par ce qui semblait être de l’agit-prop russe pour exploiter la situation.
4. L’anti-woke. De nombreuses personnes pensent qu’une attaque contre les institutions et la culture occidentales traditionnelles est en cours, alimentée par des idéologues et des militants marxistes. Je ne m’étendrai pas davantage sur ce sujet à ce stade, mais il suffit de dire que je suis personnellement d’accord avec de nombreuses critiques du wokisme. Et s’il vous plaît, ne me demandez pas de définir le wokeness. Cherchez par vous-même.
5. Croyances anti-mondialistes/anti-WEF. Ce sujet est trop complexe pour être abordé ici, mais il fait également partie du syndrome. Ma pensée actuelle est qu’il semble provenir d’une peur profonde de perdre son autonomie, d’être infecté par des virus de l’esprit, des mèmes et d’autres “contaminants”, y compris du corps physique et du corps politique. Je suis en train de développer ces idées et j’écrirai davantage à leur sujet lorsqu’elles seront prêtes.
6. Le système financier mondial. Le dernier phénomène qui fait partie du syndrome d’empiètement que je propose est la croyance que les élites politiques et sociales contrôlent le système financier mondial pour exploiter les gens ordinaires. De nombreux bitcoiners entrent dans cette catégorie, mais pas tous. De plus, cette position semble être minoritaire. Je détiens personnellement des bitcoins dans mon portefeuille et je pense qu’ils ont beaucoup d’utilité et qu’ils continueront à se développer et à évoluer.
Je n’ai pas l’intention de déprécier l’un de ces complexes de croyances. J’observe simplement une concomitance de phénomènes, dont beaucoup semblent avoir un certain fondement, preuves à l’appui. Je ne suis pas d’accord avec le tour de victoire que prennent actuellement certains résistants aux vaccins en raison des preuves scientifiques contradictoires concernant l’efficacité des vaccins Covid. Il est encore trop tôt pour le dire et le poids de la preuve reste en faveur des campagnes de vaccination. La question de savoir si les mesures de confinement et les vaccins obligatoires dans certaines institutions et organisations, publiques et privées, étaient justifiés devrait faire l’objet d’un débat scientifique et de recherches supplémentaires. Cette question ne peut pas être réglée par le partage des médias sociaux et la surenchère.
La plupart de ces complexes de croyances ne semble pas encore avoir donné naissance à des mouvements sociaux ou politiques, mais cela ne signifie pas que cela n’arrivera pas. Par ailleurs, je ne pense pas que l’utilisation d’une étiquette telle que “droite alternative” (alt-right), “extrême droite” ou “conspirationniste soit utile. Ces tactiques engendrent des conflits plutôt que la compréhension.
J’écrirai davantage à ce sujet et sur des questions connexes au fur et à mesure que ma réflexion évoluera.
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